Bunker

publié le 18 novembre 2015

de Julien Bondue (DDTM 59)

Assis au fond de ce bunker humide et froid
Dominant une falaise battue des vents,
Je revois mes braves compagnons d’autrefois.
Frères d’armes, la plupart n’ont pas vingt ans.

Pensons à nos mères qui ne nous voient revenir
Au travail dans les champs qu’elles doivent accomplir.
Comme nous cette année en juillet, les blés ont été fauchés.
Amertume d’une jeunesse sacrifiée, massacrée, gâchée.

Sur une croix blanche mon nom fut gravé
Et sous cet épais gazon où ne pousse nul chardon
Un bataillon tout entier se surprend à rêver
D’un monde sans guerre, sans soldat, sans légion.

Mourir à vingt ans pour l’honneur d’un drapeau
A défendre derrière lui d’étranges idéaux
Inconscients du danger qui menace 
Devoir chaque jour la mort affronter en face.

Du fond de notre cimetière le temps s’est arrêté
Soulagés nous sommes de voir notre guerre cesser.
Désemparé je suis, d’en voir une ailleurs commencer.
Combien d’innocents sacrifiés sur l’autel de la stupidité ?

Julien Bondue (DDTM 59)