La randonnée dans les Pyrénées Orientales

publié le 18 septembre 2015 (modifié le 20 septembre 2016)

Publié le 18 septembre 2015

Chaque année, la section randonnée organise un séjour d’une semaine de randonnée dans une région différente. Pour 2015, nous choisissons de découvrir le Capcir, territoire voisin de la Cerdagne et de Font Romeu, dans les Pyrénées Orientales. Surnommée la petite Sibérie, cette région historique et géographique a été rattachée à la France par le Traité des Pyrénées, le 7 novembre 1659, qui formalise la paix entre la France et l’Espagne après un siècle et demi de guerre, et fixe la frontière entre les deux pays. Le territoire du Capcir correspond approximativement à la très haute vallée de l’Aude. Il s’agit du plus haut plateau du massif des Pyrénées qui s’étage entre 1300 et 1700 mètres d’altitude.
C’est le Chalet Manéou aux Angles qui accueille les 36 participants au séjour ; un nombre record, donc une grande satisfaction pour les organisateurs.

Samedi 5 septembre  : le grand jour est arrivé, nous partons. Nous nous regroupons à l’aire de Béziers Mont Blanc pour partager le pique-nique de midi. Nous arrivons ensuite au Chalet Manéou, chacun à son rythme, certains ayant trop fait confiance à leur GPS défaillant qui a bien failli leur faire faire le tour de France avant de les conduire à bon port… Nous nous installons dans ce bel établissement refait à neuf, doté de très belles chambres et d’une piscine intérieure.

Dimanche 6 septembre  : le grand luxe, cette année, est de bénéficier de deux guides, ce qui permet à chacun d’entre nous de trouver sa place dans l’un des deux groupes constitués. Nous faisons la connaissance d’Olivier et Julien qui vont nous accompagner tout au long de la semaine. Le groupe d’Olivier fera des randonnées un peu plus conséquentes en kilomètres et en dénivelée que le groupe de Julien, avec le même lieu de départ, en essayant de se retrouver tous ensemble au moment de la pause déjeuner.
Aujourd’hui, nous démarrons du lac de Balcère (Vallserra en catalan) à 1770 mètres d’altitude pour faire le tour du Roc d’Aude en passant par le Pla del Mir, le lac de la Balmette, l’étang de Boutassous. Il fait frisquet : 6°. Mais le soleil se lève rapidement et il fera très beau ensuite, avec toutefois un air plutôt frais. Chemin faisant, nos guides passionnés de leurs montagnes nous en font découvrir la faune et la flore avec une très grande compétence. Nous avons la chance d’apercevoir des vautours fauves qui comptent parmi les plus grands rapaces en France avec leur 2,60 mètres d’envergure. Nous déjeunons dans un décor superbe, face au pic du Carlit, le plus haut sommet des P.O., à droite le Petit et le Grand Peric, en bas le lac des Bouillouses. Nous repartons pour arriver au sommet du mont Llaret et sa croix à 2376 mètres ; nous redescendons en passant au lac d’Aude. C’était une journée découverte avec 750 mètres de dénivelée,13 kilomètres et, ô miracle, une belle cueillette de magnifiques cèpes que nous n’avons pas l’habitude de trouver chez nous. Nous en ramasserons quelques uns tous les jours qu’on nous servira en carpaccio sur des tranches de pain à l’apéritif.
En soirée, Olivier nous commente à sa manière si humoristique et avec son parler si chaleureux un diaporama sur le Capcir et nous offre de magnifiques images de ses nombreux treks de par le monde ….. Photos de la journée

Lundi 7 septembre : nous partons du lac des Bouillouses pour une longue et difficile randonnée. Il fait très beau. Le lac des Bouillouses et ses abords sont un site naturel classé depuis le 27 juin 1976. C’est un des plus beaux lacs des P.O., très apprécié pour la randonnée. Un barrage impressionnant y fut construit au début du XXème siècle pour réguler le débit de la Têt et fournir l’électricité nécessaire au fonctionnement du train jaune grâce à une centrale hydroélectrique qui lui est dédiée. La multitude de petits lacs et étangs (27 au total) autour du sentier menant au sommet du pic Carlit font tout le charme de ce site d’exception. Nous passons devant le lac Vivier, le lac Noir, le lac Sec, le lac Llat et le refuge des frères Aymar qui, pêcheurs à l’origine, furent les premiers à organiser de façon professionnelle des randonnées dans le massif du Carlit. Ils furent également mêlés à une sombre histoire de double meurtre qui valut à leur père d’être emprisonné à Cayenne pendant 30 ans. Nous continuons notre chemin jusqu’à l’estang de Sobirans. Le décor devient minéral et la pente beaucoup plus prononcée. Les mollets souffrent. Le sentier dans le pierrier monte jusqu’au petit lac en partie gelé pratiquement toute l’année, à 2600 mètres. Il faut parfois poser les mains pour continuer l’ascension et parvenir à un petit col sans nom qui sépare les deux pointes sommitales du Carlit. On rejoint le sommet en quelques minutes. Nous sommes sur le toit des P.O. et du Languedoc Roussillon, à 2921 mètres. Le panorama est à couper le souffle (qui est déjà bien court !), c’est une des plus belles vues que nous ayons pu admirer dans notre "carrière" de randonneurs : le Puigmal, deuxième plus haut sommet des P.O. avec ses 2910 mètres, le Puig Peric : 2810 mètres, le Canigou : 2784 mètres, vue plongeante sur les lacs du site des Bouillouses, le Pique d’Estats : 3143 mètres et le Pic du Montcalm : 3077 mètres en Ariège, la Serra del Cadi en Espagne, le Tossa Plana des Lles : 2916 mètres… A regret, nous entamons la descente qui fait souffrir les genoux et nous retournons aux voitures en faisant une boucle pour découvrir de nouveaux lacs. 16 kilomètres et 1045 mètres de dénivelée ! Ca va laisser des traces, et des douleurs….. mais quel plaisir d’avoir "eu" ce sommet !
En soirée, un conteur catalan vient nous parler de l’origine de Font Romeu et de la construction du petit train jaune. Le train jaune n’est pas inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais il y prétend. Depuis plusieurs années il fait l’objet d’une candidature à ce label prestigieux. Edifiée au début du siècle, la ligne ferroviaire du Train Jaune avait pour mission de relier les hauts plateaux catalans au reste du département des Pyrénées-Orientales. Aujourd’hui il est devenu le symbole des Pyrénées catalanes. Les premiers travaux entrepris en 1903 permirent, dès 1910, de relier Villefranche de Conflent à Mont Louis. La ligne, qui ne sera achevée qu’en 1927 en atteignant La Tour de Carol, conserve actuellement son tracé initial dans un environnement très accidenté. La construction de cette voie longue de 63 km a ainsi nécessité l’édification de 650 ouvrages d’art, dont 19 tunnels et deux ponts remarquables : le Viaduc Séjourné et le Pont suspendu Gisclard, pour permettre au Train Jaune de se jouer du relief. C’est la ligne ferroviaire régulière la plus haute de France, elle culmine à 1596 mètres en gare de Bolquère….. Photos de la journée

Mardi 8 septembre : nous partons du plus haut de la station de ski de Formiguères, à 2130 mètres, avec 9° et une alternance de soleil et d’éclaircies. Nous montons droit sur la Serra de Mauri à 2428 mètres, d’où on a un point de vue fabuleux sur le site des Camporells, la vallée du Galbe et les Bouillouses. Descente par la route forestière jusqu’au refuge des Camporells, en bordure de l’Estany del Mig, l’endroit est extraordinaire de calme et de pureté. On contourne ensuite un chapelet de lacs entourés de pins en suivant les déversoirs. Après la pause déjeuner au bord des lacs supérieurs, encore une grimpette pour parvenir au Coll de l’Homme Mort et retour aux voitures par un court mais fort raidillon qui nous fait tous haleter. 820 mètres et 17 kilomètres.
Pour la soirée, nous sont proposés des jeux dont le sujet est la musique. Jérôme en est le grand vainqueur….. Photos de la journée

Mercredi 9 septembre  : c’est le jour de relâche. Chacun fait, fait, fait, c’qui lui plait, plait, plait. Certains partent pour Puigcerdá, ville frontière avec l’Espagne, d’autres visitent Mont Louis, sa citadelle occupée par le Centre d’Entraînement Commando - 1er choc et son four solaire, Font Romeu, ou la grotte de Fontrabiouse découverte en 1958. Et, clou de la journée, l’équipe du Chalet Manéou nous propose un déjeuner champêtre au bord du lac de Matemale, à côté d’un immense barbecue aménagé comme on en trouve beaucoup dans la région. C’est un moment exceptionnel de convivialité, en présence de nos guides, où nous partageons le Rivesaltes, les saucisses et les merguez délicieusement préparées par les cuisiniers, sous un généreux soleil. Un immense merci pour cette belle surprise.
L’animation de la soirée : le karaoké, où certains donnent de la voix avec plus ou moins de bonheur. Mais on dit bien que l’important est de participer… On découvre ainsi que Nadia a beaucoup de talent. Bravo pour ton interprétation de "Milord" de Piaf….. Photos de la journée

Jeudi 10 septembre : hélas, il pleut…. Une bonne quinzaine d’entre nous n’hésite quand même pas à suivre Olivier et Julien pour une petite marche de 9 km et 420 mètres de dénivelée dans la vallée de l’Eyne, surnommée la "Vallée des fleurs", classée réserve naturelle depuis 1993. Nous allons jusqu’à Orri de Baix. Retour au centre de vacances pour le déjeuner, toujours sous la pluie. L’après-midi, chacun vaque à ses occupations : sieste, natation, massages, belote….. Photos de la journée

Vendredi 11 septembre : fort heureusement, le soleil est de retour mais il ne fait pas chaud : 6° le matin, il fera meilleur ensuite. Nous nous dirigeons vers la vallée du Galbe. A Espouillouse, après Formiguères, nous prenons la piste forestière qui remonte la vallée et nous partons du pont des Plans de l’Orriet. Nous suivons le large chemin facile qui longe le ruisseau en passant devant la cabane de la jaca de la llosa. Nous dérangeons une nuée de vautours qui se dandinent au sol. Nous les voyons prendre leur envol les uns après les autres. Vu la puanteur ambiante, ils devaient être en train de se régaler d’une carcasse. Nous traversons ensuite des "pozzine", pelouses spongieuses et verdoyantes : les Bassettes. La montée se fait plus rude, heureusement assez courte, elle nous mène à un replat puis, plus loin, à l’estang de Portelle d’Orlu. Encore une belle grimpette pour arriver au col Portelle d’Orlu et admirer la vue sur l’Ariège, département cher au cœur de notre guide Olivier. Pour déjeuner, nous retrouvons le groupe de Julien. Celui-ci nous explique la présence de la "Peira escrita" (pierre écrite), une grande dalle de pierre recouverte de gravures. Durant le néolithique, le Roussillon tout comme la Cerdagne était occupé par des hommes que l’on nomme encore préhistoriques. Le site de Formiguères ne faisait pas exception malgré son altitude. La meilleure preuve de l’habitat néolithique du site se trouve sur la "Peira Escrita". Cette dalle est magnifique pour la qualité de la conservation des gravures. Elle l’est aussi par ce qu’elle représente : un être humain, rarement gravé ainsi dans la région. On peut également y voir un coq de bruyère, des pentacles, des noms de famille de la région. Il s’agit d’un patrimoine vivant qui daterait de l’an 800. Le retour se fait tous ensemble. Une balade de 840 mètres de dénivelée et 16 kilomètres. C’était la dernière, ouf ! "Non, je rigole" comme dirait Olivier avec son accent chantant.
Pour la dernière soirée, on nous ouvre le "dancefloor" du Chalet Manéou avec Myrtille aux manettes….. Photos de la journée

Samedi 12 septembre  : et voilà, c’est déjà fini, les valises sont prêtes, il est temps de rentrer. Un immense merci à nos guides qui nous ont ouvert les portes du Capcir pour un magnifique voyage au cœur de paysages exceptionnels, merci à toute l’équipe du Chalet pour sa gentillesse et sa disponibilité, merci de nous avoir préparé des apéros somptueux…… Photos de la journée

En chemin, certains font une halte pour visiter Villeneuve de Conflent, cité médiévale du XIème siècle, fortifiée par Vauban au XVIIème, située au pied du Canigou. Nous nous retrouvons pour partager le dernier pique-nique sur l’aire de Caissargues près de Nîmes. Salut, à bientôt.

On va où l’année prochaine ? ? ?

"En marchant, on pense à toute sorte de choses, on revient sur le passé, on refait ce qui a été, on contredit ou on arrange son existence. Vrai, le marcheur est aussi son inventeur. Là où il foule la terre, il se défoule l’esprit." Jacques Lanzmann "Le chant du voyage".

Toutes les photos de Gilbert et Marc

Remerciements à Anjie et toute son équipe, Olivier et Julien nos deux formidables guides, Sébastien notre breton préféré et bien sur à Sylvie pour ce formidable résumé du séjour et Gilbert, Sylvie, Jacky et Marc pour les photos.
N’oublions pas non plus Aurore et Sylvie pour toute la longue préparation de cette aventure (36 participants, ce n’est pas rien).