Où étaient les Ascéistes ? n° 15

publié le 9 août 2015 (modifié le 30 juin 2016)

dimanche 7 juin 2015 ?

Dans la série Où étaient les Ascéistes ? Voici le n° 15

Mais où étaient les Ascéistes … le dimanche 7 juin 2015 ?
… à Jupilles pour la découverte de la Maison de l’Homme et de la forêt de Bercé, autrement appelée « Carnuta ».

Mickaël Georges poussa la porte. Quand les chauves-souris nous ont vu entrer, elles se sont écriées « Chauve qui peut » !!!!!!!!!!!!!!! Malins comme des renards, curieux comme des fouines, nous n’avions pas l’air de blaireaux lorsque nous nous sommes retrouvés nez à nez avec une colonie de « carabes aux reflets d’or ».
La grande aventure de la forêt venait de commencer !!!!!!! La visite du matin fut commentée par une charmante hôtesse qui nous expliqua que la forêt était un milieu complexe, fragile, non seulement habité par les grands arbres et autres végétaux mais par une faune riche et parfois bruyante.
Pour le déjeuner, Mickaël avait réservé une salle exceptionnelle. Grande table ceinturée de
bancs, posée sur une terrasse couverte surplombant le bassin d’une source généreuse. Pendant que les cabas et les glacières se vidaient, la table se remplissait ; comme nos estomacs d’ailleurs.

Ensuite, Mickaël, tel Robin des Bois, nous guida à travers la forêt pour aller de découverte en découverte. C’est ainsi qu’il nous expliqua comment reconnaître un charme d’un hêtre. Fastoche !!!!! Il suffit de se rappeler cette formule magique qu’il tenait d’un nain de la forêt enchantée de Bercé :
« le Charme d’Adam, c’est d’Hêtre à poils » !!!! Traduction : le charme a des feuilles dentelées alors que le hêtre a des poils sur les bords de ses feuilles.
Et enfin, ce que nous attendions tous, la cerise sur le gâteau (et non l’inverse). La tête complètement à la renverse, rivée vers les houppiers, ce fut l’heure de la rencontre avec le trésor de Bercé que représentent de majestueux chênes plusieurs fois centenaires et qui se dressaient à 40, 50 mètres au-dessus de nous. Chacun d’eux semblait dire : « du haut de mes deux siècles je vous contemple. Admirez ma vitalité et ma longévité ».
Et c’est ainsi que s’acheva cette belle aventure, « Bercé » par le sifflement du vent sur les cimes, le craquement des branches, le chant du coucou ou la mitraillette du pic vert.

Merci à toi Mickaël pour cette belle et charmante découverte de la forêt.
Tu nous a fait prendre le temps d’apprécier le calme, la tranquillité, la sérénité des lieux.
Tu nous as fait percevoir qu’ici, le temps s’apprécie lorsqu’il s’égrène lentement.
Tu nous a fait ressentir l’esprit de chaque acteur qui a donné une part de sa vie pour le bien être des générations futures.
Merci à Elisabeth et à tous les participants.

La minute culturelle
Un peu d’histoire de ce patrimoine forestier :

Quasiment à mi-chemin entre le Mans et Tours, certains disent que Bercé est l’un des joyaux des forêts de France. Elle est domaniale et s’étend sur 5400 hectares, dont un peu plus de 3000 sont réservés exclusivement au chêne sessile (Quercus petraea), qui pousse en compagnie du hêtre.
En 1661, Colbert, alors ministre de Louis XIV, initie la gestion forestière de ce massif. Il fallait du bois pour la construction navale, cette forêt en a produit. Au début du XXe siècle, un petit village attenant à la forêt, « Jupilles », produisait 400 000 paires de sabots par an ! Et aujourd’hui ? La principale source de revenu est le bois de chêne qui, « élevé » à Bercé, est particulièrement droit et dépourvu de défauts. Un chêne de la futaie des clos s’est vendu à plus de 100 000 francs (environ 15 000 euros). Ce bois très prisé est débité en tranche pour l’ameublement ou pour la décoration. Il est aussi utilisé comme merrain [1] pour la tonnellerie. En dehors de ces deux usages très lucratifs, son bois apporte aussi chaleur et réconfort pendant les longues soirées d’hiver. Ah oui, il faut ajouter que 60 tonnes de glands par an peuvent être ramassés à la main… Et dire que ce sont des « glandeurs » qui le font !!!
Mais pourquoi ramasser les glands ??? Eh bien, en vue de repeupler les forêts en chêne sessile, notamment celles du quart nord-ouest de la France.
Et le chêne « Boppe ». Il trône avec d’autres sur une parcelle d’environ 10 hectares. Les chênes qui y poussent ont vu la lumière à l’époque de Colbert, ils ont maintenant plus de 300 ans et mesurent pratiquement 50 mètres.
Mais cette forêt abrite aussi hêtres, pins, sapins, bouleaux, sequoias, et quelques cèdres, charmes, aliziers, tulipiers de Virginie, etc.. Elle voit grandir aussi de nombreux cerfs, chevreuils, sangliers, écureuils, martres, oiseaux, insectes…
Ce magnifique patrimoine est protégé et géré par des gardes forestiers maintenant appelé « agents patrimoniaux », qui travaillent à l’Office National des Forêts (ONF).
Alors, pour tous les amoureux et curieux de la « Sylve », cette forêt est pour vous. Et si vous souhaitez découvrir encore plus de choses, le musée de l’homme et de la forêt, « Carnuta », vous attend à Jupilles.
A bientôt en terre Sarthoise !

[1] = Planche obtenue en débitant un billot de bois, et qui sert à façonner une douelle.
Douelle = Chacune des pièces de bois longitudinales assemblées pour former le corps d’une futaille (tonneau, foudre, cuve).

[1merrain