Où étaient les Ascéistes… n° 2

publié le 28 décembre 2012 (modifié le 13 juillet 2013)

le samedi 1er décembre 2012 ?

Dans la série Où étaient les Ascéistes ? Voici le n° 2

Cette chronique se veut être le fruit de vos expériences. Qu’elles soient collectives lors de nos activités organisées par l’ASCE, ou qu’elles soient privées pendant vos temps de loisirs intérieurs ou extérieurs, vos expériences culturelles peuvent être témoignées en quelques lignes. Faites partager vos coups de coeur, vos lectures, vos initiatives créatives, vos découvertes, les lieux touristiques d’ici ou d’ailleurs, (monuments, musées, …), les sentiers de promenade ou circuits de randonnées, les restaurants,…
Nous sommes tous avides de partage !

Où étaient les Ascéistes… le samedi 1er décembre 2012 ?

A Paris.
La cinquantaine de personnes descendue du car, s’est promené, chacun à son rythme, à la chasse aux cadeaux de Noël ou pour flâner à la découverte de la capitale. Personne n’a témoigné de sa journée pour ce n°2, dommage ! On dira que la timidité empêche de se lancer à l’assaut de la page blanche mais je suis confiante, l’assurance viendra et vous serez bientôt très nombreux à oser le récit.
Alors en attendant, qu’à cela ne tienne ! Je fais l’exercice et vous propose maintenant une escapade quelque peu littéraire et historique… au fil de la plume de Louis Aragon pour voyager dans ce lieu qui n’existe plus, victime de la percée du boulevard Haussmann (IXe arr). Voici quelques lignes extraites du Paysan de Paris (1926), évoquant aux confins de l’imaginaire et du réel, les galeries du passage de l’Opéra.

"Que l’on se promène dans ce passage de l’Opéra dont je parle, et qu’on l’examine. C’est un double tunnel qui s’ouvre par une seule porte au nord de la rue Chauchat et par deux au sud sur le boulevard. Des deux galeries, l’occidentale, la galerie du Baromètre, est réunie à l’orientale (galerie du Thermomètre) par deux traverses, l’une à la partie septentrionale du passage, la seconde tout près du boulevard, juste derrière la librairie et le café* qui occupent l’intervalle des deux portes méridionales. Si nous pénétrons dans la galeire du Thermomètre, qui s’ouvre entre le café que je signalais et la librairie Eugène Rey, passée la grille qui, la nuit, ferme le passage aux nostalgies contraires à la morale publique, on observe que presque toute la façade de droite, au rez-de-chaussée diverse avec ses étalages, son café, etc., aux étages semble entièrement occupée par un seul bâtiment : c’en est en effet un seul qui s’étant sur toute sa longueur, un hôtel dont les chambres n’ont d’autre air ni d’autre clarté que ceux de ce laboratoire des plaisirs, où l’hôtel puise sa raison d’être […].
Sur de longs couloirs qu’on prendrait pour les coulisses d’un théâtre s’ouvrent les loges, je veux dire les chambres, toutes du même côté vers le passage. Un double système d’escaliers permet de sortir plus ou moins loin dans le passage. Tout est ménagé pour permettre les fuites possibles […].
Entre les boulevards et la première entrée de l’hôtel s’étale, au rez-de-chaussée de l’hôtel, la devanture de Rey où ce libraire expose les revues, les romans populaires et les publications scientifiques […].
J’oubliais donc de dire que le passage de l’Opéra est un grand cercueil de verre et, comme la même blancheur déifiée depuis les temps qu’on l’adorait dans les suburbes romaines préside toujours au double jeu de l’amour et de la mort, libido qui, ces jours-ci a élu pour temple les livres de médecine et qui flâne maintenant suivie du petit chien Sigmund Freud, on voit dans les galeries à leurs changeantes lueurs qui vont de la clarté du sépulcre à l’ombre de la volupté, de délicieuses filles servant l’un et l’autre culte avec de provocants mouvements de hanches et le retroussis aigu du sourire."

* le café Certà, fréquenté par les surréalistes Tristan Tzara, André Breton, Aragon… « par haine de Montparnasse et de Montmartre, par goût aussi de l’équivoque des passages et séduits par un décor inaccoutumé », lieu qui devint le siège principal des assises du mouvement Dada.

Le passage de l’Opéra débouchant boulevard des Italiens à la fin du XIXème siècle. Bibliothèque de la ville de Paris. HRL-609959© Albert Harlingue / Roger-Viollet

Si votre curiosité est aiguisée, sachez qu’une vingtaine de passages couverts sont aujourd’hui accessibles et toujours animés, témoignages fastes de l’affirmation de la bourgeoisie commerçante parisienne de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe s.

Et si cette lecture vous plait, n’hésitez pas à me faire part de vos bons mots, ou à emprunter ceux d’autrui qui ont retenu votre attention, comme je viens de le faire. Ce n’est pas compliqué et c’est surtout histoire de partager quelques bons moments.

En vous remerciant par avance,
Amicalement,

Delphine Berthou
ASCE 37
Vice-Présidente Culture