Passe-moi le ciel !

publié le 2 octobre 2015 (modifié le 15 décembre 2015)

de Jean-Paul BOYER (ASCE 63)

« Je sais, belle Déesse ! Tu excelles aux fourneaux.
Pour ouvrir ce dîner, je choisis ton museau
Dont l’ajout au thym frais vaut tous les plats : c’est beau !
Délice de saveurs sans apport de kilos.

Alors que tu te penches sur mon sort incertain,
Mes yeux gourmands repèrent… la suite du festin :
Je vois dans leur corbeille, ces fruits ronds, frais et sains,
Si soyeux au regard, si pulpeux à la main.

Un goût de baies sauvages ? Un parfum de jasmin ?
Leur chair semble si ferme qu’elle attise ma faim.
Me seront-ils offerts ou gardés dans l’écrin ?
Je les veux… des couverts ! Pose-les sur mes mains !

Que disais-tu ? Mes yeux ne t’ont pas entendue !
Tu parlais de mon sort, j’étais loin dans les nues.
Décroch’ton combiné, je ne suis pas repu,
Et commande à ton goût, exige un grand menu ».

(Ainsi parla le gourmet à Dame Jeunesse.
Elle en fut fort gênée et de honte le confesse,
Lui donna un soufflet afin que cela cesse :
« Ma tart’t’atteint !… Connais-tu la délicatesse ? »

Extrait de « L’homme et les gants »

Alex Andrain

Jean-Paul BOYER (ASCE 63)