Retour sur la visite de la cathédrale de Bayeux le samedi 01 octobre 2016

publié le 8 novembre 2016

D’abord, arrivé en retard, je trouve le groupe derrière l’orgue et le guide. A les voir d’en bas, tout petit, je vois bien que ce bâtiment fait main, est de taille impressionnante. Ensuite des marches, étroites, comme dans un château fort, dans la tour nord de la façade et l’arrivée au niveau des cloches et là, c’est le début d’un pincement au cœur : la structure en bois est d’époque, XIII ème siècle, avec ses trous de vers, ses tenons, ses mortaises, rien n’a bougé depuis sept siècles …

La vue de là-haut est superbe, d’autant que si la journée est pluvieuse, les éclaircies ont lieu au moment où nous sommes dehors : Dieu est avec nous !

La traversée sous toiture me permet de constater que soit le bois est moins cher au XIII qu’au XVIII - les deux époques de construction et reconstruction après quelques avatars - soit nos ancêtres étaient plus dispendieux au XIII ème, mais la première technique, passionnante à comprendre est nettement plus gourmande en matériau.

Une anecdote : lors de la visite de la cathédrale de Coutances organisée par l’ASCEE il y a quelques années, j’ai appris que le bois était conservé cinquante ans dans l’eau de mer en vue de sa conservation avant utilisation. Et lors de cette visite de celle de Bayeux, le conservateur assure que le bois est vert au moment de sa mise en œuvre et que tout le reste n’est que faribole … je suis perturbé, qui croire, on nous cache des choses …
De nouveau une tour, centrale cette fois, terminée au XIX ème , comme pour le Mont Saint Michel, c’est une réussite esthétique, ce qui prouve que ce siècle n’est pas uniquement la prise de la Smala d’Abd El Kader par les troupes du général Bugeaud et le train à vapeur.
La visite du matin s’achève, j’aurai pu continuer.
Nous avons alors droit à un document couleur sur la cathédrale, un endroit sec pour manger à midi et l’apéritif offert par l’ASCEE… Je sens que j’ai bien fait de venir.
L’après midi, c’est la visite de la crypte, du rez-de-chaussée, de la bibliothèque et du "trésor" de la cathédrale. Là encore, que penser des peintures murales et des sculptures romanes du XII ème siècle ? c’est beau, c’est émouvant, je ressens la même chose quand j’ai l’occasion de voir de l’art égyptien du temps des pharaons : ces gens sont intelligents, indubitablement et leur art est tout sauf "primitif".
Dans la bibliothèque, présentation d’un incunable, un livre d’avant 1500 : j’imagine le clerc le feuilletant, bien avant nos techniques et mode de vie ; peut être à ce moment là avait-il mal aux dents …
Enfin, après être passé par une porte s’ouvrant comme dans un film de James Bond, les quelques vestiges du "trésor" : il a été tellement pillé … Toutefois, j’ai aimé que la chasuble tout en soie, magnifique mais que nous n’avons pas pu voir car en cours de restauration, soit conservée dans un coffre superbe de ciselure, datant encore du
XIII ème siècle, de facture … arabe : des artisans adeptes du Coran travaillant à la demande de croyants chrétiens, à moins que ce coffre n’ait été pillé lors d’une croisade avec beaucoup de massacre à la clé, ce qui serait une situation plus dans nos habitudes.
La fin de la visite se passe dans les réserves, là où pêle-mêle sont stockés les sculptures et ornements de la cathédrale en attente de restauration : je me dis qu’un disque vinyle enregistre les sons quand il est gravé : je rêve d’un système qui permettrait d’entendre les chants, les rires, les coups de gueule des artisans de l’époque qui auraient enregistré à leur insu les sons au moment de leurs coups de marteau sur la pierre …
Fin de journée, je suis un peu groggy car elle fut chargée, passionnante grâce à ce jeune conservateur lui-même passionné.
Décidément, je sens que j’ai bien fait de venir et merci à l’ASCEE-50 ne nous avoir permis cette impressionnante visite.

William BLANCHIN (texte) et Catherine (photographe)